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enseigner l'Espéranto en Chine


En mars-juin 2006 un espérantiste polonais, Roman Dobrzyński, a enseigné l'espéranto dans une université chinoise. Ses souvenirs et ses réflexions sont d'un très grand intérêt. Voici la traduction que j'en ai faite (si vous voulez les trouver en Espéranto, et en chinois!, c'est là: http://www.ipernity.com/blog/29025/102840 )







J'ai passé trois mois à Pékin mars à juin 2006) à enseigner l'espéranto dans une université privée. Dan sa faculté de tourisme j'ai été employé comme professeur invité. L'université m'a assuré de bonnes conditions de séjour. J'ai logé dans un appartement confortable de la résidence des professeurs, avais le droit de manger gratuitement au restaurant universitaire et reçu un salaire conforme coût de la vie en Chine.



La Chine connaît un développement rapide, les universités d'État n'arrivent pas à assurer le besoin sans cesse croissant de cadres hautement qualifiés – aussi le gouvernement pousse à la création de grandes écoles privées – nous dit le professeur Zhu Zhongcai, recteur de l'université. Les élèves qui sortent de notre établissement trouvent facilement du travail, car le marché du travail chinois soufre d'un manque d'administrateurs, d'informaticiens et de spécialistes du tourisme compétents.



Mais pourquoi dans cette grande école privée on favorise l'espéranto et on dépense de l'argent pour son enseignement ? Voici la réponse du doyen de la faculté de tourisme, Mme Ruan Liping:



Nos étudiants ont travaillé comme bénévoles lors du Congrès Universel d'espéranto de 2004 à Pékin. A cette occasion j'ai pu me rendre compte directement que l'espéranto est une langue vivante. Et qu'il n'est pas seulement un instrument de communication mais aussi un moyen de se faire des amis. Et par ailleurs il aide beaucoup à apprendre les langues européennes.

L'université



Sept mille étudiants étudient dans cette université, qui consiste de deux campus séparés. Je suis dans la nouvelle partie, qui se trouve a Tchangping, l'extrémité nord de Pékin, sur le chemin de la Grande Muraille. Elle mérite doublement le qualificatif de « campus universitaire », car elle se situe réellement au milieu d'un vaste espace de champs, où de petits agriculteurs produisent des légumes. Sur vingt hectares s'élèvent des bâtiments modernes. Ici tri mille étudiants trouvent des conditions qui satisfont pleinement leurs besoins aussi bien question études que vie quotidienne, de telle sorte qu'on pourrait y passer tout son temps jusqu'au diplôme final sans seulement en sortir. D'ailleurs pour avoir le droit d'en sortir durant la semaine les étudiants doivent montrer une autorisation spéciale aux gardiens. Devant l'entrée se tiennent également, de même que devant toute institution, selon la coutume chinoise, des gardiens symboliques: deux lions de pierre avec la gueule ouverte de colère.



Le campus est entouré de petits établissements privés: magasins, restaurants, et autres services établis là spécialement pour les étudiants et les enseignants. Le permis de sortie n'est pas nécessaire durant le week-end, et en fait c'est le seul moment où on puisse aller dans le centre de la ville, qui se trouve à 30 km. Il faut à peu près 5 heures pour faire le voyage aller et retour. Il n'y a donc rien d'étonnant que je n'ai pu que seulement quelque fois visiter le centre de Pékin, car cela prenait une journée entière, et je n'étais libre que le samedi. J'avais parfois l'impression de vivre sur une ile, d'autant plus que , selon la coutume asiatique, l'université était entourée d'un haut mur.



Le long du coté est du mur s'étendait une immense résidence universitaire, de couleur orange. Les garçons et les filles logent séparément, et les visites réciproques « ne sont pas souhaitées ». Dans chaque chambre vivent 8 à 10 personnes. Ils passent la plupart de leur temps en dehors de leurs dortoirs dans le vaste espace du campus. Le long du mur de l'ouest s'étend le résidence des professeurs, là où j'habitais. Des étudiants riches y avaient aussi une chambre individuelle. Un an d'étude coûte 700 euros. A quoi s'ajoute la même somme pour les frais de pension.



Le milieux du terrain universitaire est occupé par un imposant bâtiment destiné aux activités didactiques. Il est principalement constitué de salles de classes classiques avec tableau noir et craie. Cependant il y a aussi d'impressionnantes salles, immenses, avec des ranges de centaines d'ordinateurs. Dans la plus grande des salles informatiques les étudiants ont le droit de se servir d'Internet contre le payement de 1 yuan de l'heure (10 yuans = 1 Euro)



Au-dessus du restaurant universitaire se trouve un grand amphithéâtre, en fait un théâtre moderne, pour mille spectateurs. S'y déroules de fréquentes cérémonies, car la Chine est le pays des cérémonies. La dernière à laquelle j'assistai fut la remise des diplômes aux 2000 élèves de la promotion annuelle, ce qui à chaque fois est marqué par une photo en compagnie du recteur. Mais le grand amphithéâtre sert surtout pour des spectacle artistiques, qui se présentent généralement sous la forme de concours. En trois mois j'ai pu admirer des concours de rhétorique, de chant et de dan ce. Pour chaque concours les étudiants se sont préparés intensément et ont atteint un niveau extraordinaire. L'université a l'intention d'appuyer la qualification professionnelle de ses étudiants sur une vaste base culturelle. Cependant on ne veille pas seulement à ce qu'ils aient un esprit sain, mais aussi un corps sain.



Derrière le bâtiment « didactique » se trouve celui, moins grand, dont le rez-de-chaussé est occupé par le restaurant universitaire, d'à peu près 500 places. Les cuisines proposent au moins trente plats au choix. On en choisit généralement trois ou quatre et paye autant de yuans. La nourriture est non seulement bon marché, mais aussi délicieuse, composée principalement de légumes. Une chose à remarquer est l'absence de dessert. C'est peut-être pour ça qu'il est rare de voir des gros. Sur le campus on trouve aussi des restaurants de plus haute qualité, et en dehors des murs on en trouve encore quelque dizaines. J'y suis souvent allé en groupe, en dépit du droit à manger gratis au restaurant universitaire,car pour un européen même les repas payants paraissent gratuits: cinq personnes peuvent avoir un bon repas contre 5 Euros.



Le tiers du campus de l'université est occupé par un stade moderne, au sein duquel on peut pratiquer de nombreux sports. Ses tribunes peuvent accueillir plusieurs milliers de spectateurs. Quand je suis arrivé en mars il faisait encore froid. Durant les pauses inter-classes j'ai souvent vu des groupes d'étudiants et d'étudiantes pour se réchauffer s'exerçaient au tir à la corde. Je constatais que c'était là un jeu très apprécié, et tout autant des filles que des garçons. Quand arriva la douce chaleur de mai commencèrent de nombreuses compétitions dans diverses disciplines. Parfois en particulier durant les parades inauguraient ou celles-ci ou qui les fermaient, j'avais l'impression d'assister à une séance des Jeux Olympiques.



Les compétitions artistiques aussi bien que sportives absorbaient beaucoup les étudiants, parfois jusque une semaine entière, ce qui fait que, que je le veuille ou non je perdais mes cours d'espéranto.



L'espéranto



J'ai accepté cette proposition d'enseigner l'espéranto dans une université chinoise comme un nouveau défi, lequel s'est révélé être plus grand que je ne l'imaginais. L'idée que j'avais jusque là de la célèbre facilité l'espéranto se retrouva complètement blackboulée. Les chinois le nomment shi jie yu, ce qui veut dire langue internationale et se prononce approximativement chi jie you. Cepandant même si vous réussissez à émettre de manière exacte les sons individuels, même là les chinois ne vous comprendront pas, car chaque son doit être prononcé avec le ton adéquat pour que le mot reprsente la signification désirée. En 1986 le Congrès Universel d'espéranto s'était déroulé à Pékin. J'avais accompagné un espérantiste européen, polyglotte et qui parlait aussi le chinois. Il parla, ma personne ne le comprit. Il semblait que les chinois auxquels il s'adressait ne se doutaient même pas que cet européen parlait dans leur langue!



Cette fois ci j'ai pris conscience par ma propre expérience qu'entre le le chinois e les langues européennes il y a un véritable abîme. Il apparaît déjà dans le nom de l'école: « Centre Etat Régir Thérie Mou Objet Apprendre Cour ». Cet assemblage abstrait de mots se traduit par « Université Chinoise d'Administration et d'Informatique ». La formation des mots en chinois s'enracine loin dans l'histoire, et est strictement liée avec les idéogrammes, aussi de nombreux mots son en soit de véritables énigmes. « Beau » se compose de mots piao liang, où le premier signifie visible et l'autre lumière. En chinois il n'y a pas de flexion morphologique selon la personne, le genre, le cas, le nombre grammatical, etc. Chaque mot, ou plus précisément idéogramme, a une forme unique, ce qui est comparable aux racine en Espéranto. Ni Hao ! Se traduit mot à mot en Vous Bon ! Et signifie « Salut ! Ha unying Ni ! Signifie Bienvenu à vous ! Mais mot à mot sa traduction est Joie Rencontre Vous !



Ceux qui sont curieux de la langue chinoise se plongeront eux-mêmes dans ce thème aussi vaste qu'intéressant. Je me contenterai de citer quelques exemples que j'ai notés moi-même sur le terrain de la phonétique. Je dis aux étudiants « preni » (fr. prendre) , ils répétèrent pleni, « iri » (fr. aller) - ili, « revi » (fr. rêver) – levi. C'est un fait bien connu que les extrème-orientaux on du mal à prononcer les r . Mais là n'est pas la seul problème Quand je dis « monto » (fr. montagne) on me répétait mondo. Tous les chinois n'ont pas les mêmes problèmes. Par exemple les gens du nord au lieu de « kongreso » (fr. congrès) disent gongleso. Beaucoup de gens du sud ne sont pas capables de prononcer le r ni le n, dans les deux cas ils disent l.



« Neige », étudiante très appliquée, signa plusieurs pages de son cahier par un seul mot « frato » (fr. frère). Quand je lui demandai de lire, elle dit : flado, flado, flado ... C'est alors que j'ai compris qu'il était impossible d'enseigner la langue en groupe, mais qu'il était nécessaire de faire apprendre les mots un par un à chaque étudiant individuellement. Tandis que mes élèves répétaient n'arrêtaient pas de répéter en vain un mot espéranto, j'essayais de prononcer son équivalent chinois. Il se révéla que j'y réussissais encore moins bien. Ce qui fut un enseignement pour les jeunes chinois. On comprit que os sommes tous au même titre les victimes de la tour de Babel.



Les différences sont particulièrement sources d'erreur sous la forme écrite. Il y a un demi-siècle l'alphabet latin fut adapté à ce qu'on appelle « la langue générale » (putonhua). Il s'agit en fait du dialecte de Pékin, qui s'est répandu dans l'ensemble de la Chine. L'alphabétisation du putonhua fut fort influencé par l'espéranto. Maintenant des ordinateurs et des téléphones de poche fonctionnent sur la base de l'alphabet latin. Cependant il n'est pas facile de lire la langue chinoise par ce système de lettre latines Par exemple quand j'ai demandé à un étudiant d'écrire le mot « prospero » il ecrivit : « blosbilo ».



J'ai constaté tardivement ce qui pour un phonéticien professionnel est une évidence, que mon balobalado (parolaparato, fr. mon organe de la parole) est formé différemment que celui d'un chinois. C'est pourquoi le mot « parto » est répété comme « baldo », « tre » comme « dlé », « kajo » comme « gajo », « tago » comme « dako », etc. Réciproquement je comprenais de travers les mots chinois, étant incapable de distinguer non seulement « b » et « p » (dans l'orthographe pin-yin) « d » et « t », mais aussi les voyelles. Pour moi « a » sonnait souvent comme « e », « o » comme « ou » et « e » avait l'air d'être « i ». Je demandait d'écrire avec une craie (per kreto) on ecrivait « pal glado ». Bu Dong (dans la translittération pin-yin) sonne pour moi comme Pu Tun.



Écrire en Espéranto dresse de hautes barrières devant les étudiants, car le chinois ne pense pas au moyen de sons et de lettres, mais par des images (les idéogrammes). Il apprend le mot en bloc et ne le partage pas en sons individuels qui se suivraient en étant représentés par leurs lettre respectives. Un autre problème résulte de la longueur des mots dans les langues européennes. La langue chinoise consiste principalement de mots monosyllabiques avec une consonne au début et une voyelle à la fin. Souvent un simple voyelle forme un mot indépendant. C'est pourquoi non seulement « prospero » représente pour un chinois une véritable cacophonie mais aussi d'autre mots plurisyllabiques tels que « konstitucio » (fr. constitution). Le problème s'accroît avec les mots composés, comme « koresponamikino » (fr. amie avec laquelle on correspond). Un chinois voit dans cette expression en sept syllabes sept mots différents. Il doit non seulement se souvenir de chaque syllabe une par une, mais aussi leur ordre de succession et il trébuche comme un enfant européen, disant lomokotivo au lieu de lokomotivo.



Les européens reconnaissent dans l'espéranto de nombreux mots, car ils excitent dans une forme similaire dans leurs langues. Pour un chinois chaque mot en Espéranto est tout à fait étranger, y compris les termes géographiques. Les Etat-Unis sont Mei Guo, la Pologne Bo Lan (pr. Po Lan) Paris Ba Li (pr. Pa Li), Varsovie (Warsow en anglais) Hua Sha, Europe Ou Zhou. Dans un bureau de poste j'ai voulu une fois envoyer une carte postale à Hambourg. Sous l'adresse j'écrivis en anglais le nom du pays de destination. La carte postale ne put être envoyée, car aucun employé ne savait ce que c'est que Germany. J'ai du revenir à l'université et demander à un étudiant d'écrire sur la carte postale les idéogramme correspondants En passant l'Allemagne en chinois c'est De Guo, ce qui signifie « Noble Pays ».



Pourquoi donc la langue du Docteur Zamenhof s'appelle-t-elle en chinois Shi jie yu ? Parce que le mot Espéranto est pour les chinois imprononçable et faire la promotion de la langue sous ce nom serait insensé. Une partie de mes étudiants au bout de trois mois d'étude disaient encore « espelando » et je devais encore m'estimer heureux qu'ils n'en étaient plus à la variante précédente telles que « esblando ». Cependant à la fin la plupart réussi à prononcer clairement Espéranto.





L'enseignement

Je considérai mon voyage en Chine comme une mission et acceptai la proposition sans conditions. J'ai seulement demandé d'être accompagné d'un assistant, pour au moins pouvoir être compris dans l'école, surtout par mes étudiants. Ce rôle fut parfaitement rempli par par l'espérantiste Cui Jia You - “Gaîté” - qui avait déjà dans le passé enseigné l'Espéranto dans la même université. Au bout d'un certain temps “Gaîté” alla travailler ailleurs et il fut remplacé par un autre enseignant d'espéranto expérimenté Liu Bouguo – “Optimiste” - Nous travaillâmes par deux, mais en partageant les tâches. Tandis que je m'occuper de faire parler les étudiants, mon collègue chinois expliquait les points grammaticaux et les points mal compris. Cela constituait une “méthode directe” légèrement modifiée. Il me semble que avec le manque d'analogie entre l'espéranto et la langue chinoise il aurait été difficile d'appliquer la “méthode directe” (inventée par le pédagogue hongrois Andras Cseh ) dans sa forme classique.



Gaîté” et “Optimiste” enseignaient en suivant l'excellent manuel du Professeur Li Shi Jun ( Laŭ Lum) tandis que mon principal support était le cours télévisé “Mazi en Gondolando”. Le “Grand Mazi” fut accueilli par les étudiants avec un grand enthousiasme, il créa une ambiance d'inéteêt et de bonne humeur. Cependant ce qui fut le plus important fut que les étudiants pussent dès le début se mettre à parler en Espéranto, en répétant les dialogues et en répondant aux questions. “Mazi” donne à un enseignant une riche matière première pour faire parler les élèves. L'utilisation efficace de “Mazi” fut due aussi au fait qu'en Chine – à ma grande surprise - “Mazi en Gondolando” est vendu sous forme de disques avec un livre d'accompagnement, sur lequel se trouve les dialogue en Espéranto et en chinois. De cette manière les étudiants comprirent le texte, ce qui facilita énormément notre conversation et à un certain moment me permis d'enseigner tout seul.

Sur le campus cinquante étudiants apprenaient en deux groupes. Les quatre autres groupes étaient restreints et au total totalisaient trente personnes. Il s'agissait d'étudiants, qui étaient en stage pratique dans des hôtels et des restaurants. J'y allais, avec mon ordinateur, en bus. Le voyage aller durait au minimum deux heures.

 

Cependant c'est de bon cœur que je faisais la route, car l'enseignement en petits groupes était très agréable et efficace. Un de ces petits groupes était constitué de seulement trois jeunes filles. A cause des couleurs de leurs vêtements je les baptisai spontanément Foi, Espérance et Charité. Elle étudièrent avec beaucoup dez èle et d'efficacité, et réussirent à aller aussi bien que les premières jusqu'à la fin des aventure de Mazi.

Le travail avec les deux grands groupes était plis difficile. Il n'était pas possible de retenir l'attention de tous. De plus en un institut privé les étudiants ne s'intéressent pas tous aux études. Le s parents payent, leurs enfants font semblant d'apprendre. Je laissais ces gens tranquille, tandis qu'ils jouaient avec leurs téléphones de poche. Un autre problème était le manque de temps. J'étais venu pour seulement trois mois. Chaque groupe avait seulement deux heures pas semaines. Cependant, pour diverses raisons, telles que les compétitions sportives et autres, souvent les leçons n'avaient tout simplement pas lieu. Selon mon estimation chaque groupe perdit environ la moitié de ses leçons.

Devant une telle situation, je concentrai mon attention sur les étudiants qui montraient un désir d'apprendre. Après les leçons je disposais d'un peu de temps libre et je me trouvais sur le campus. De cette manière mes contacts avec les étudiants étaient constants et me donnaient fréquemment le possibilité de bavarder. Les plus zélés me rendaient visite dans mon appartement, et c'est dans ces moments que se déroulaient les leçons les plus efficaces. Une autre forme d'enseignement étaient mes excursions du samedi dans les sites touristiques de Pékin en compagnie de deux ou trois personnes. Ils avaient des dictionnaires avec . Alors l'espéranto fonctionnait tout naturellement.

Jade, la plus travailleuse des étudiantes, me dit au moment de se quitter: “Je suis dans ma huitième année d'anglais et je ne sais pas le parler. J'étudie l'espéranto depuis trois mois et je peux parler.” De même réussirent Verte, Neige, et encore Sucrée, Eau, Sonore, Belle et quelques autres. Maintenant ils et elles me téléphonent et m'envoient des courriers électroniques. Nous avons de vraies conversations. A Jade j'ai fait cadeau du livre “La rue Zamenhof” Elle vient de me faire savoir qu'elle a déjà fini d'en lire un chapitre.

Une autre dimension

C'était ma cinquième visite en Chine. Celle-ci dura plus longtemps que les précédentes et ouvrirent devant moi une autre dimension des relation humaines. Je vécu parmi les chinois, qui devinrent rapidement des amis , ou au moins de bonnes relation, avec leurs propres visages et leurs noms, et aussi avec leurs joies propres ou leurs peines. Une fois une jeune fille vint me rendre visite pour pleurer à cause d'un chagrin d'amour. Les étudiants venaient des divers coins de l'immense Chine, durant toute l'année ils sont séparés de leurs familles. Souvent je jouais le rôle de grand-père de remplacement. Pourquoi? Sans doute à cause du fait que j'étais différent. Aucun autre étranger n'enseignait dans l'université. Mes élèves m'ont avoué qu'ils n'avaient encore jamais vu de près un “long-nez”. Je fonctionnais n peu comme une curiosité exotique, qu'on peut sans danger toucher, tandis que les relations entre les étudiants et les enseignants sont en Chine très formalistes.

Un enseignant jouit de prestige. On l'appelle un Lao Chi, ce qui mot à mot signifie “Vieux Enseigner”. Donc j'étais Luoman Lao Shi (Roman l'enseignant). Une fois j'eus un succès fous pour avoir dit Wo Bu Lao, Wo Chi Lao Chi (je ne suis pas vieux je suis enseignant). En fait je jouissais d'un double respect, à la fois comme Lao (vieillard) et comme (Lao Shi) enseignant. En Chine les gens n'ont pas honte d'être vieux. L'extraordinaire attention que rencontrent de tous côtés les vieilles personnes est en ce pays un aspect spécifique des Droits de l'Homme. Au début ma galanterie de conception européenne envers les femmes se heurtait contre la politesse chinoise envers les vieux. Quand je m'arrêtais à la porte pour laisser une femme entrer la première, elle aussi s'arrêtait pour que je puise entrer le premier. A la fin je cédai à la tradition chinoise et utilisai le privilège de mon âge, je me mis à entrer le premier dans une pièce, j'occupais la place assise dans le bus, laissai un étudiant porter mon ordinateur, etc.

Cependant les signes de politesse ne sont pas tous compréhensibles pour un européen. Une fois on me salua par ces mots: “Je trouve que vous avez plus de cheveux gris que qu'il y a deux ans” C'était de me faire compliment du fait que j'avais vieilli. Je devais comprendre que malgré les cheveux gris j'ai l'air très alerte. C'est ce que m'expliqua Liu Jiankuo, espérantiste de Hefei, qui organiza mon voyage en Chine. La politesse est un élément important de la culture chinoise, et souvent elle est très formalisée. Par exemple quand on fait un toast on trique, mais il n'est pas du tout indifférent en quelle position se trouve un verre relativement à l'autre. Celui d'une personne important doit toujours se trouver plus haut.

Dans les relations interindividuelles règne de façon très frappante une complaisance mutuelle. Je demandai aux jeunes filles, qui logeaient à dix dans une seule chambre, si il leur arrivait souvent de se disputer. Nous ne nous disputons pas – expliqua Sucrée – mais essayons de résoudre le problème en commun. Je n'ai jamais observé d'attitude tendu entre les étudiants, ni entendu quelqu'un élever la voix, mais souvent vu des sourires gentils. Par conséquent, en dépit de ma nervosité naturelle, je n'ai pas eu l'occasion de la manifester de tout le temps que je suis resté en Chine.

Neige était employée dans les bureau du Doyen de la faculté de tourisme. Elle veillait à mes problèmes quotidiens. C'est elle également qui préparait les conditions techniques de l'enseignement. Neige était présente aux leçons de tous les groupes, et ainsi appris beaucoup plus que les autres. Sans qu'on s'en rende compte l'espéranto devint devint notre langue de travail naturelle. A l'occasion de la fête du 1er Mai l'école ferma pour une semeine entière. Le Doyen Ruan Liping m'invita à rendre visite à ses parents dans la ville de Tonghua, proche de la frontière coréenne. Neige nous accompagna en qualité d'interprète et réussi merveilleusement dans l'accomplissement de sa tâche.

Comme beaucoup d'autres chinois elle ne parle pas l'anglais, en dépit de plusieurs années d'étude de cette langue. Cependant en parlant l'espéranto, elle disait souvent “thank you”. Ces deux mots jouissent d'une vogue extraordinaire en Chine. Même si je remerciai en chinois xiexie (prononcez: “chyechye”) on me réciproquait souvent en anglais. Selon mon assistant Optimiste thank you doit sa carrière à sa ressemblance avec l'expression chinoise san ke you, qui veut dire “trois grammes d'huile”. Indépendamment de cette intéressante théorie, il est vrai que les chinois sont obsédés par l'idée d'apprendre l'anglais.

Le bus numéro 8, par lequel j'atteignais la dernière étape du chemin de retour à l'université, était toujours plein à craquer. Une fois au milieu de la presse se trouvait, debout, une petite fille de 12 ans, elle tenait devant ses yeux un cahier et répétait des mots anglais, soit dit en passant en les prononçant selon son imagination propre. Optimiste lui dit: Oh dis donc, tu aimes la langue anglaise! Non, je la déteste. Répionsit l'écolière. Alors pourquoi tu l'étudie dans une telle presse ? Ce qui entraînant cette surprenante réponse de sa part: Si je n'ai pas appris par cœur dix nouveaux mots à lui réciter ma mère ne me donnera pas à manger. Les chinois ont accueilli sans aucun esprit critique le nouveau dogme selon lequel l'anglais est l'instrument principal d'une carrière professionnelle. Et pourtant les résultats de cet apprentissage de masse sont maigres, comme le constata un espérantiste australien qui enseignait l'engluais dans une autre université. Après des années d'étude les chinois n'arrivent pas à parler, ou parlent de telle manière qu'on ne peut les comprendre. Il en est de même dans ma Grande École.

Il faut ajouter qu'il y a en Chine plein de personnes qui parlent parfaitement les langues étrangères, y compris l'espéranto. En général ils sont sortis d'instituts et de départements de langues étrangères où l'enseignement se déroule selon n programme spécial: il occupe plusieurs années à raison de six heures par jour. C'est le régime d'études qu'ont suivi presque tous les employés des bureaux de la Ligue Chinoise d'espéranto, de la revue “El Popola Ĉinio” et des émissions en Espéranto de Radio Chine Internationale.

Quelques conclusions

L'espéranto est une langue très difficile pour les chinois, mais l'anglais l'est beaucoup plus. Par expérience personnelle je peux affirmer sans hésitation que l'espéranto peut aider efficacement les chinois à apprendre les langues européennes. Le grand avantage de l'espéranto et la facilité avec laquelle on le parle. J'ai pu observer avec plaisir comment mes étudiantes s'efforçaient d'elles-même à s'exprimer par la parole, en regardant dans le dictionnaire.
En Chine il y a vraisemblablement plus de gens qui apprennent l'espéranto que dans aucun autre pays, mais très peu nombreux sont ceux qui le parlent. C'est ce que m'ont affirmé mes amis espérantistes chinois. Les raisons en sont nombreuses, et je ne suis pas assez compétent pour les commenter. Cependant mon expérience prouve que durant l'enseignement il est nécessaire de faire parler les élèves en Espéranto au lieu de leur parler sur l'espéranto en langue nationale. Cette exigence est plus facile à atteindre si l'enseignant est un étranger qui ignore la langue locale. De plus un étranger présente un autre modèle de prononciation, et ainsi aide les élèves, chose particulièrement importante pour les chinois, à se libérer de leur phonétique nationale.
Dans cette tâche je fus grandement aidé par le cours “Mazi en Gondolando”. Par ailleurs mon altérité d'étranger a certainement éveillé la curiosité des étudiants et en même temps leur intérêt pour l'objet de l'enseignement. Si j'avais du être tout seul pour enseigner l'échec aurait été inévitable. Aussi la décision de la Doyenne de la faculté d'embaucher également un enseignant chinois fut sage. De cette manière s'est formé un modèle peut-être nouveau et profitable de la méthode Cseh. En travaillant à deux nous avions la chance d'enseigner l'espéranto non as comme un code linguistique abstrait mais comme vecteur d'un savoir utile. En fait par l'espéranto j'ai appris beaucoup au sujet de la culture chinoise, mais en même temps j'ai pu transmettre aux étudiants des informations et des explications concrètes répondant à leurs questions. Je parlais lentement et clairement, en m'efforçant que ceux qui m'écoutaient me comprennent. Ce n'étais pas toujours possible, alors intervenait mon assistant qui traduisait. Des conversations de cette sorte étaient en fait un élément du cours. Je parlais principalement de la culture européenne. Les étudiants me questionnaient le plus souvent au sujet de la Pologne et en particulier d'une ville qui a un nom difficile à prononcer : Bydgoszcz.

Dans cette ville polonaise il y a un enseignement supérieur de Tourisme et de Culture. Il s'agit d'une grande école, dans laquelle en trois ans on peut obtenir un diplôme de guide touristique et d'organisateur de voyages touristiques. Mais ce qu'elle a de particulier réside dans le fait que l'espéranto n'est là pas simplement une matière d'étude, mais aussi la langue dans laquelle on peut étudier les autres matières. Actuellement dans l'ISTK étudient 40 étudiants originaires de 20 pays différents. Cette école polonaise a signé avec l'université de Pékin où j'ai enseigné un accord sur l'échange d'étudiants. Aussi la perspective d'étudier en Pologne était pour ne partie de mes étudiants une importante motivation dans l'apprentissage de l'espéranto.

Beaucoup de jeunes chinois ont assez d'argent pour étudier à l'étranger, ils veulent visiter et étudier en Europe, berceau de la civilisation occidentale, mais cette Europe élève contre un nouveau Rideau de Fer par la difficulté d'obtenir un visa. Les restrictions politiques ont toujours causé du tort à l'espéranto, et continuent à le faire.



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R
L'Espéranto a du succès en Chine et beaucoup de gens s'y interessent.<br /> Ici des images d'une rencontre organisé autour de l'Espéranto dans le cadre du fameux mont Lu Chan !<br /> (pour voir les photos en grand simplement cliquer dessus, pour les faire défiler il y a des flèches)<br /> http://www.ipernity.com/doc/35419/3281729/in/album/91620?from=3281685&at=1224850632<br /> <br /> <br />
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