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Par Zam
Demain fera un an qu'à Audaux je cueillais
les fleurs dont j'ai parlé, de la prairie mouillée.
C'est aujourd'hui le plus beau des jours de Pâques.
Je me suis enfoncé dans l'azur des campagnes,
à travers bois, à travers prés, à travers champs.
Comment, mon coeur, n'es-tu pas mort depuis un an?
Mon coeur, je t'ai donné encore ce calvaire
de revoir ce village où j'avais tant souffert, ces roses qui saignaient devant les presbytère, ces lilas qui me tuent dans les tristes parterres. Je me suis souvenu de ma détresse ancienne, et je ne sais comment je ne suis pas tombé sur l'ocre du sentier, le front dans la poussière. Plus rien. Je n'ai plus rien, plus rien qui me soutienne. Pourquoi fait-il si beau et pourquoi suis-je né? J'aurais voulu poser sur vos calmes genoux la fatigue qui rompt mon âme qui se couche ainsi qu'une pauvresse au fossé de la route. Dormir. Pouvoir dormir. Dormir à tout jamais sous les averses bleues, sous les tonnerres frais. Ne plus sentir. Ne plus savoir votre existence. Ne plus voir cet azur engloutir ces coteaux dans ce vertige bleu qui mêle l'air à l'eau, ni ce vide où je cherche en vain votre présence. Il me semble sentir pleurer au fond de moi, d'un lourd sanglot muet, quelqu'un qui n'est pas là. J'écris. Et la campagne est sonore de joie. "Elle était descendue au bas de la prairie, et comme la prairie était toute fleurie." Plus rien. Je n'ai plus rien, plus rien qui me soutienne. FRANCIS JAMMES
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