l'enfant qui pratiquait l'épectase

ça devait être en 1973, par là, dans la salle d'attente de la gare de Lille. à quatre heure de l'après-midi,  il y avait une bonne qui venait d'être humiliée, non ! là c'est un vers de Prévert, rien à voir !  c'est tout le contraire. je reprend, vers 1973, par là dans la salle d'attente de la gare de Lille (et pas à 4 heures de l'après-midi !) je me souviens encore de lui, un enfant de ? - 4 ans peut-être - et sa mère. Je l'ai regardé pendant toute notre attente. Et la façon dont il embrassait sa mère (qui, elle, y restait tout à fait insensible, la garce ! indifférente, morte aux valeurs de la vie, l'image même de la bourgeoise moderne) m'a laissé la meilleure image de l'amour mystique et de ce que Saint Grégoire de Naziance appellait l'épectase !

C'était fabuleux ce petit gamin, vous refaisait découvrir les vraies valeurs, et en même temps les plus hautes, et les plus agréables, et toute raison d'être. Qu'est-ce que c'atait beau à voir. Et triste, car sa mère, elle n'y participait pas du tout, indifférente, presque ennuyée, pas loin de le repousser.

A un moment elle lui a donné une gifle, et lui avec une équillibre émotionnel remarquable pour son âge, est resté très calme et pas émotionné, et a simplement dit : "tu m'as fait mal !".

Hélas, je pense que de cette âme d'amour il ne reste plus rien à présent, il doit avoir passé 40 ans, et d'ailleurs l'éducation de sa mère a du le "détruire" rapidement. Je suis persuadé que quand il est entré à l'école il devait déjà être "limé" et transformé en petit produit d'élevage sans âme.

en 1986 j'avais écrit ça sur lui, et 23 ans de plus ont passé :

712/1986 J’ai envie de prier pour cet enfant que j’avais vu dans la salle d’attente de la gare de Lille en ? 1973 ou 74 ? (il a donc sans doute 16 ans maintenant, au moins,  et sa destruction par l’éducation de sa mère et de la société doit être achevée ….) alors que je partais avec maman pour le voyage pour Metz, Charleville-Mézières et la Thiérache. Car il m’a laissé, en embrassant sa mère, indifférente, morte aux valeurs et à la vie, la meilleur image de l’amour mystique et de l’épectase.