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L'histoire de notre malheur

Par un économiste de Toulouse, une analyse  pénétrante et complète de l'histoire de ce siècle et de la situation actuelle. Les causes de notre malheur.
Et un appel à une redécouverte des fondamentaux et à une reprise en main d'une VRAIE révolte basée sur une remise en cause de ceux-ci:  
Marchandise: Le Retour aux Fondamentaux

samedi 11 mars 2006 par Patrick MIGNARD

LA RUPTURE DE LA MONDIALISATION

 

« Les « trente glorieuses » qui croyaient être l’accomplissement historique du système, ne furent en fait que son « chant du cygne ». La langueur et la paresse politique qu’elles avaient nourries avaient engourdi le monde des salariés. Le réveil allait être brutal.

D’abord considérés comme des privilégiés dans un monde de pauvreté, les salariés des pays développés allaient prendre fait et cause pour les mouvements de libération du Tiers Monde. Ils étaient persuadés que ceux-ci ouvraient, avec la décolonisation, une nouvelle ère vers un monde meilleur. En fait ils ouvraient grande les portes à la domination du capital à l’échelle planétaire. L’erreur était non pas tactique mais carrément stratégique.

Cette ère nouvelle n’était pas l’ère de libération que les penseurs de l’anti-impérialisme avaient espérée et prédite. Cette ère était, et est, celle de l’extension illimité des marchés. Désormais le capital avait un champs d’action digne de lui : le monde.

Le partage du monde ne s’est pas fait selon le schéma des oracles politiques adeptes du « tiers mondisme  ». Les « libérations nationales » ont, la plupart du temps, donné naissance à des monstres politiques, des régimes autoritaires, corrompus, plus ou moins liés aux intérêts sinon des anciennes puissances coloniales, du moins à leurs cercles industriels, commerciaux et financiers.

L’existence de deux blocs, aussi exploiteurs et corrompus l’un que l’autre n’a fait que rajouter du piment dans la décadence morale, politique et économique des nouveaux pays indépendants. Ceux-ci sont devenus le champ clos d’une guerre d’influence entre les blocs qui ne voulaient et ne pouvaient pas se faire une guerre ouverte.

La décolonisation, dans le contexte d’une guerre froide entre l’Est et l’Ouest est ainsi, paradoxalement devenue un extraordinaire facteur d’affaiblissement de la pensée politique progressiste mondiale et, avec le recul de l’observation, un fabuleux tremplin pour la domination du capital.

Dés lors, le capital n’a plus eu de limites, sinon la patience de ses victimes et les capacités de la planète à supporter ses outrages.

UNE DRAMATIQUE NOUVELLE DONNE

Le temps des « vaches grasses » n’aura duré, pour les « pays développés » et leurs salariés, pas même un siècle, autant dire quasiment rien à l’échelle de l’Histoire.

Le mythe de la croissance infinie et des ressources illimitées a fondu, à l’image des glaces des pôles, en l’espace de quelques années. Il a été emporté par un autre mythe, celui de l’emploi massif et à vie, de la protection sociale acquis, définitif, et du service public au service de tous.

Ce retournement de situation réinterroge les mythes, croyances et même les bases de l’économie politique, les concepts et parmi eux, celui de la marchandise.

Symbole depuis plusieurs générations d’abondance et de consommation illimitée, celui-ci revient douloureusement à ses origines, c’est-à-dire à son essence même.

On redécouvre un certain nombre de principes que l’on avait cru enterrés à jamais dans les délices de la croissance et en particulier qu’en économie « rien n’est jamais définitivement acquis  ».

La fausse stabilité du système marchand a été remise en question par les forces centrifuges nées de la mondialisation. Les places et situations acquises ont été réinterrogées à la lumière des nouvelles conditions.

Le salaire, véritable nerf de la guerre entre salariés et employeurs, est redevenu ce qu’il n’avait d’ailleurs jamais cessé d’être : un coût, sauf que dans les nouvelles conditions mondialisées de production, son montant ne pouvait pas ne pas être comparé à celui des « nouvelles puissances économiques émergentes ». Ce qui était devenu un « acquis » pour les salariés européens, est devenu un handicap pour le capital qui les emploie - le temps des révisions déchirantes était, est, arrivé.

Le salaire qui semblait être - ce qui est faux - la rémunération du travail redevient - ce qu’il a toujours été - la rémunération de la force de travail. ‘( voir l’article - « LE TRAVAIL EN QUESTION (1) - Le salaire rémunère-t-il le travail ? »)

Ainsi, lorsque des entreprises européennes proposent à leurs salariés un allongement de la durée du travail sans augmentation de salaire, elles ne font qu’appliquer le principe qui régit le travail dans le système marchand : le salaire est la rémunération de la force de travail.

Le lien sécurisant qui liait la rémunération, le salaire au temps de travailest soudainement rompu. Cette relation qui donnait l’illusion au salarié de la maîtrise de son revenu et de sa place dans la production, laisse la place à la relation beaucoup plus prosaïque d’objet dans le processus de production.

La surprise et la réaction des organisations syndicales de salariés face à une telle situation en dit long sur le degrés de dégénérescence de leur pensée politique et sur leur abandon de toute analyse sérieuse de ce qu’est le système marchand. Les salariés commencent à payer aujourd’hui plus d’un demi siècle d’incurie et de collaboration de leurs organisations syndicales et politiques.

Un autre exemple illustre parfaitement ce retour aux « fondamentaux de la marchandise » c’est en France le projet sur la nouvelle loi sur l’immigration du 18 décembre 2005 et qui a pour but de préparer une nouvelle réforme du « Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile » (CESEDA). Les adversaires de ce projet le dénoncent comme « utilitariste »,... mais il l’est et ne fait que reconnaître ce qu’est l’immigration dans une économie de marché : une variable de la production et du calcul de rentabilité. Ainsi la « force de travail immigrée », dépouillée de tout artifice pseudo humaniste, moral et culturel redevient clairement ce qu’elle a toujours été : une marchandise.

Et ce n’est pas fini... nous pouvons dire qu’il s’agit d’un commencement, l’ultime phase de la mondialisation du capital qui est entrain d’emporter non seulement les espoirs des salariés, mais tous leurs acquis sociaux.

On ne peut pas dire qu’une riposte des salariés à une telle offensive est inadaptée... il n’y en a tout simplement pas... C’est la débâcle totale sur le plan syndical et politique. Les syndicat, acculés, ne peuvent, après une protestation tout à fait symbolique, que négocier des conditions sur lesquelles ils n’ont aucune prise. Les partis politiques proposent une ultime « union pour le changement » ( ?).

L’atonie de l’analyse politique et économique du système marchand, favorisée par des conditions exceptionnelles de développement a profondément handicapée le mouvement social qui vit encore dans ce rêve d’infléchir par une stratégie purement politique le mécanisme de la domination du capital. La période de croissance de l’après guerre l’a totalement infantilisé au point de lui faire perdre tout repère, tout sérieux dans l’analyse et toute crédibilité dans les stratégies à développer.

Le retour aux fondamentaux de l’économie de marché augure la nécessité impérative d’un renouveau de la pensée politique stratégique. C’est tout au moins à cette condition que les bases d’une nouvelle organisation sociale seront crédibles.

Patrick MIGNARD

Voir également les articles :

« AUX LIMITES DU SYSTEME MARCHAND »

« LA MARCHANDISATION DU MONDE »


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