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Lors de la discussion en 2005 de la loi instaurant une chasse aux "sectes" (laquelle ? celle des stoiciens ou celle des aristotéliciens? comme on disait dans l'antiquité )
laisse rêveur ....
écoutons un commentateur:
"Mais, dans la série des “deux poids, deux mesures”, le chef d’oeuvre demeure incontestablement l’affaire de “la manipulation mentale” qui frise le comique et atteint le summum de l’hypocrisie. De même qu’il y a les bons et les mauvais lobbyings, les bonnes et les mauvaises “pompes à finances”, les bonnes et les mauvaises associations de défense des libertés, de même il y a les bonnes et les mauvaises formes de bourrage de crâne. La Commission nationale consultative des droits de l’Homme pousse à la roue : “elle n’a pas contesté la nécessité d’un renforcement de l’arsenal (encore lui !) juridique face aux agissements (sectaires)... l’actualité de cette question nécessite de nouvelles avancées etc..”. Et surtout : l’institution d’un “délit de manipulation mentale respecte la liberté fondamentale de pensée, de conscience et de religion... bien qu’il soit jugé inopportun”. Alors là, c’est à n’y plus rien comprendre. Que signifie cette contradiction ! On est en pleine tartufferie et, une fois de plus, on est amené à penser que ces prétendues Commissions “indépendantes”, comme l’Informatique libertés ou le CSA, n’ont été créées par les pouvoirs que pour servir de cautions morales à leurs exactions.
Le plus drôle reste à venir. Plusieurs parlementaires, ainsi que certains “spécialistes ( !)” auditionnés par eux,
qui ne sont pas complètement cons, ont senti venir le danger. Ils savent parfaitement que la manipulation mentale, universellement pratiquée dans leurs “sociétés”,
en constitue un fondement essentiel auquel ils tiennent comme à la prunelle de leurs yeux, puisqu’elles ne fonctionneraient pas sans elle. Et ils n’ignoraient pas
non plus quecertains mauvais esprits eussent été tentés de faire des rapprochements, de s’interroger sur les raisons d’une si partiale sélectivité dans le domaine de la
“manipulation mentale”. Peut-être même eussent-ils poussé l’inconvenance jusqu’à utiliser ce motif pour attaquer à très juste titre devant les tribunaux des institutions et des gens
officiellement très honorables et qu’il fallait donc absolument préserver de toute fâcheuse mésaventure. Il faut lire les déclarations apeurées : c’en vaut vraiment la
peine ! Voici quelques échantillons : “...les organisations syndicales ou politiques, pour ne citer qu’elles, pourraient tomber sous le coup de telles
dispositions” (bussereau). Quel aveu ! “...certaines formes de publicité commerciale (pourraient) être
assimilées à de la manipulation mentale” (thiard) et gélard “s’est demandé si (ce délit) ne risquait pas de pouvoir être appliqué à “certaines structures”
présentes “au sein des grandes religions”, à certains médecins ou psychiatres, voire à certains responsables d’enseignement..., voire à l’armée”.
J’insiste sur le cynisme de ces déclarations. Leurs auteurs ont pour seule préoccupation, non pas de mettre en cause les abus qu’ils
évoquent, mais de les protéger afin d’en assurer la perpétuation... ce qui ne les empêche pas de condamner avec la dernière énergie et de façon totalement discriminatoire ceux qui seraient commis
par les “sectes”. C’est pour assurer cette protection, je le rappelle, qu’au mépris de toute honnêteté intellectuelle et morale, a été précisé dans l’intitulé de la loi qu’elle
concernait uniquement “les mouvements sectaires”, ces fantômes insaisissables. Et pourtant, que d’autres pourraient être concernés.
Donc, pour ne pas se laisser entraîner sur un terrain glissant et pour donner le change, on supprime la dénomination “manipulation mentale”. Mais on la remplace -et la démonstration de mon ami juriste est particulièrement éloquente sur ce point- par un charabia à rallonges qui la réintroduit, parfois au mot près, et qui même l’aggrave ! On modifie l’étiquette pour mieux préserver le contenu et l’empoisonner davantage.groupement poursuit des activités ayant pour but ou pour effet de créer ou d’exploiter la dépendance psychologique ou physique” ou que l’on exerce sur les victimes des “pressions graves ou réitérées” (le “et” a été remplacé par un “ou”, comme le souhaitait pignier). Et d’après quelles références va-t-on qualifier de “ gravement préjudiciable ” l’acte ou l’abstention auquel on les aurait conduites ? Même lorsqu’il existe des critères généraux fiables, il est extrêmement difficile de les appliquer valablement aux cas particuliers. A plus forte raison lorsqu’ils relèvent de la plus haute fantaisie, c’est-à-dire d’appréciations purement subjectives éventuellement dictées, y compris chez les juges, par la bêtise ou par la haine. C’est pourquoi on a la très nette impression que picard se fout de notre gueule lorsqu’elle ose s’exclamer avec une touchante sincérité : “Qui peut se sentir, de bonne foi, visé par une telle disposition, placée de surcroît, sous le contrôle de magistrats responsables”. Comme si la plupart d’entre eux l’étaient ! Le seul élément recevable de cet article inconcevable a trait aux “techniques propres à altérer le jugement” parce qu’elles peuvent, du fait de leur caractère “matériel”, être détectées avec certitude en certaines occasions et à condition d’y mettre beaucoup de prudence. Répugnante magouille et comble de l’hypocrisie ! Venons-en au texte lui-même, sur lequel je ne m’attarderai pas pour éviter une répétition, beaucoup moins intéressante, de l’analyse qui vient d’en être faite. Je me bornerai à exprimer le point de vue de tout homme de bon sens qui serait stupéfait à sa simple lecture, parce qu’il se rendrait compte qu’il est absolument impossible, même pour une personne parfaitement intègre, de décider à coup sûr que tel “
Autres faussetés et mensonges. La gardeuse des sots a le toupet de nous assurer que les infractions pour lesquelles une
association peut être dissoute sont “limitativement énumérées”. En réalité, comme le dit encore excellemment le sénateur Caldaguès, elles forment une liste
“impressionnante par sa longueur, mais aussi par sa disparité”. C’est un véritable fourre-tout rempli au maximum des ingrédients les plus hétéroclites, à seule fin
de pouvoir épingler les “sectes” à propos de tout et de n’importe quoi. La ministresse en question, qui décidément n’en rate pas une, continue sur la lancée de son impudence en affirmant
qu’une association ne pourra être supprimée qu’à la suite de “plusieurs” condamnations, cet adjectif étant synonyme pour les gens naïfs de trois, quatre ou plus. En fait, il s’agit de deux et
même éventuellement d’une ( !), puisqu’elles pourront concerner “l’une la personne morale et l’autre son dirigeant, ou deux personnes morales appartenant en réalité à
un même mouvement sectaire”. On donne ainsi aux tribunaux le pouvoir de faire disparaître de manière discrétionnaire tous les groupes marginaux ou rebelles qui, par leurs
idées et par leur action, emmerdent le gouvernement et les autres puissances en gênant leur oeuvre totalitaire d’asservissement et d’uniformisation.
Alors de grâce, un peu de décence ! Commencez donc par balayer devant vos officines."
Et après vous croirez encore que cette chasse aux "sectes" est innocente et sans dangers ?